Interview express de Jean-Christophe Prudhomme et Laurent Bertaud
19/10/2011 à 00h10Le compositeur Jean-Christophe Prudhomme (membre de l’UCMF) et Laurent Bertaud ont travaillé ensemble pour Didier Bourdon (« 7 ans de mariage », 2003). Ils étaient nommés en septembre dernier aux Emmy Awards 2011 avec leur musique pour la série « Garfield Show » diffusée sur Cartoon Network.
Vous avez fait quatre films pour Didier Bourdon, quelle fut cette relation de travail ?
Très intense, par le fait de sa présence constante et son désir de superviser tous les aspects du projet. Nous échangions sur le choix des humeurs, des couleurs musicales et des scènes à mettre en musique. De notre côté, nous devions respecter la place de la musique par rapport à la comédie pour ne pas écraser les dialogues et laisser la place aux gags. L’objectif était avant tout de créer des humeurs joyeuses et rythmées sans plomber l’atmosphère.
Didier aime la musique, en écoute beaucoup et ses goûts sont très larges. Dans le cadre de ses projets cinématographiques il ne veut pas que la musique prenne trop de place par rapport à la comédie et en annule l’effet comique.
Comment êtes-vous arrivés sur le projet de « Garfield » ?
Après avoir fait deux séries pour Ellipsanime : « Frog et Foufuret » et « Potlach », nous avons répondu à leur appel d’offre pour leur adaptation française de « Garfield », personnage américain de Jim Davis.
Cette série est une création à 100 % Franco-Américaine qui n’a jamais existé en France contrairement au long métrage produit par les Américains qui a été diffusé ici. Nous sommes donc partis de zéro pour l’élaboration des thèmes.
Quelle singularité de travailler à la télévision ?
La grande différence entre la télé et le cinéma, c’est avant tout les délais, l’intensité, la quantité de musique à produire. Les budgets étant moins importants pour les séries TV, une grande partie du travail se fait à la maison. En fait c’est une technique de travail quasi industrielle.
Pour une co-production avec les USA, comment sont intervenus les Américains dans votre travail ?
Pour la co-production avec les USA, tout se passait à distance, par le net. Ils nous envoyaient les scripts, les enregistrements des comédiens et Ellipsanime se chargeait du reste de la production. A ce stade, nous montions nos musiques sur les images crées en France par Ellipsanime.
Aux Etats-Unis, il y a une attention et une prise au sérieux supérieures à la France. Quand ils regardent un épisode (notamment pour notre nomination aux Emmy Awards), ils sont très attentifs à la bande son. Quand ils te parlent de ta musique, tu sais qu’ils l’ont bien écoutée.
Comment le travail s’est partagé avec Laurent Bertaud ?
On se concerte sur les couleurs, les instruments utilisés. On cherche des idées et des thèmes chacun de notre côté, en suivant la direction que nous nous sommes fixée tous les deux. Puis, ensemble, nous proposons nos idées à la production. Les premiers épisodes sont montés à deux, pour être sûr de la cohérence du résultat. Et une fois les choses validées par la production, on créé une banque de musiques dans laquelle on puisera pour le montage des épisodes.